Recueil de citations
XXe siècle : LE MONDE

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Afin de compléter les annales que vous pouvez consulter à tout moment depuis la rubrique SE PREPARER, nous vous proposons un recueil de citations qui complétera vos cours pour l’épreuve de culture générale sur le thème du monde.

Ce recueil de citations ne présume en rien des sujets du concours 2023 à venir.

Auguste Rodin, L’Art, 1912

« L’art, c’est la plus sublime mission de l’homme, puisque c’est l’exercice de la pensée qui cherche à comprendre le monde et à le faire comprendre. »

Commentaire : Ce témoignage du sculpteur Rodin fait de l’art un instrument de réconciliation entre la pensée humaine et le monde, c’est-à-dire à la fois la nature et les sociétés humaines qui s’y développent. Ainsi l’homme peut trouver un sens au monde extérieur. L’art est alors le moyen de transmettre cette vision à autrui.

Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, « Du côté de chez Swann », 1913

« Un homme qui dort, tient en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes. Il les consulte d’instinct en s’éveillant et y lit en une seconde le point de la terre qu’il occupe, le temps qui s’est écoulé jusqu’à son réveil. »

Commentaire : Dès le début de ce long roman autobiographique, le narrateur évoque cette conscience du dormeur, qui suspend pendant son sommeil le cadre spatio-temporel de sa vie quotidienne. Les mondes sont tous ces espaces dans lesquels la vie humaine se déploie, le cadre géographique, mais aussi les milieux vivants créés par l’alchimie des rencontres et des choix.

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Henri Barbusse, Le Feu, 1916

« L’avenir est dans la main des esclaves, et on voit bien que le vieux monde sera changé par l’alliance que bâtiront un jour entre eux ceux dont le nombre et la misère sont infinis. »

Commentaire : Le narrateur se trouve plongé dans le chaos de la 1ère Guerre mondiale, quand il écrit ces lignes. Il s’y est engagé volontairement à 42 et a été réformé en 1917. Dans l’après-guerre, il s’inscrira au parti communiste et déploiera une intense activité nationale et internationale. L’expression « vieux monde » désigne cette société rationaliste et hiérarchisée qui a mené au conflit et l’espoir d’une internationale prolétarienne se voit dans cette vision d’un monde nouveau.

Heidegger, Les concepts fondamentaux de la métaphysique, 1929

« L’animal est pauvre en monde. »

Commentaire : L’animal, mu par son instinct est déterminé. Il évolue dans un milieu où il a tout ce qui est nécessaire à son développement. En ce sens, il est pauvre en monde, car rien ne lui manque. L’homme, au contraire, a la faculté de multiplier à l’infini sa vision du monde. Il peut l’explorer, se le représenter selon différents points de vue. En ce sens, il a une richesse, une diversité d’approches que n’a pas l’animal.

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Arthur Eddington, La Nature du monde physique, 1929

« La nature du monde extérieur est insondable et nous ne ferons que nous perdre dans un dédale de choses impossibles à décrire. »

Commentaire : Cet astrophysicien célèbre pour ses travaux sur la théorie de la relativité et la mesure des particules de matière dans l’univers reconnait ici les limites de la science dans son ambition de connaitre le monde extérieur. Le monde, au sens de l’univers, est infini.

Marcel Pagnol, César, 1936

« On peut être au monde sans savoir ce que l’on est. Il y en a bien qui sont cocus et qui ne le savent pas. »

Commentaire : Dans cette célèbre comédie, dernier volet de sa trilogie, Pagnol évoque la méconnaissance que chacun peut avoir de sa situation réelle. Être au monde, c’est y être plongé, exister, sans avoir la lucidité de la mission qu’il faut y remplir. Il ne suffit pas d’y être pour être pleinement ce que l’on est.

André Breton, L’Amour fou, 1937

« La recréation, la recoloration perpétuelle du monde dans un seul être, telles qu’elles s’accomplissent par l’amour, éclairent en avant de mille rayons la marche de la terre. Chaque fois qu’un homme aime, rien ne peut faire qu’il n’engage avec lui la sensibilité de tous les hommes. »

Commentaire : Le chef de file du surréalisme tente de décrire la puissance génératrice de l’amour, son pouvoir de transformation du monde extérieur, qui prend soudain une nouvelle vie par le biais de l’être aimé. La puissance du sentiment amoureux est partagée par l’humanité entière.

Jean Anouilh, Antigone, 1942

« CRÉON : On est tout seul, Hémon. Le monde est nu. Et tu m’as admiré trop longtemps. Regarde-moi, c’est cela devenir un homme, voir le visage de son père en face, un jour. »

Commentaire : Créon, Roi de Thèbes, s’oppose à son fils Hémon, qui aime la rebelle Antigone. Il cherche à le désillusionner et lui faire prendre conscience de la vraie personnalité de son père. Accepter de voir que son père a des défauts, c’est accepter de perdre les illusions, les fantasmes que l’enfant a construits progressivement. Le monde est nu sans toutes ces fausses représentations que l’enfant en fait pour le peupler et le rendre viable.

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Sartre, L’Être et le néant, 1943

« Nous choisissons le monde en nous choisissant. »

Commentaire : Sartre distingue l’homme et les choses dans leur rapport au monde. Les choses sont dans le monde, mais l’homme a une certaine conscience du monde, qui le renvoie à lui-même. Il ne peut se sentir étranger à lui, puisqu’il est le résultat des choix qu’il a opérés et par lesquels il a affirmé son existence et sa liberté

Ferdinand Alquié, Le désir d’éternité, 1943

«  Nul retour, cependant, ne nous rend la présence ancienne. »

Commentaire : Le monde est inscrit dans une dimension spatio-temporelle. La présence des choses à nous s’inscrit dans ces deux paramètres, que sont l’espace et le temps. Mais revenir sur un lieu ne permet pas de revenir dans le passé. Ainsi, le monde qui s’est constitué un jour ne peut être retrouvé.

Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes, 1939

« Être homme, c’est précisément être responsable. C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. »

Commentaire : S’il est un monde, c’est celui que les hommes ont la mission de construire, et qui perdure par les engagements pris et tenus. La responsabilité, c’est-à-dire la capacité à répondre des actes que l’on a posés, permet cette construction d’une terre faite par les hommes pour les hommes.

Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, 1943

«  Mais si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde. »

Commentaire : La réciprocité du sentiment, marquée par le parallélisme, indique que le monde se resserre autour de la personne aimée, et liée par le besoin d’affection.

Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945

« La pensée n’est rien d’intérieur, elle n’existe pas hors du monde et hors des mots. »

Commentaire : La séparation de la pensée, domaine de l’intériorité, et du monde, domaine de l’extériorité, remonte à la distinction cartésienne entre la substance pensante et la substance étendue. La phénoménologie contemporaine réunit ces deux notions. La pensée ne peut se réduire à des phrases toutes faîtes claires et distinctes, car l’intériorité est un chaos. Ainsi, la pensée se fait dans la rencontre avec le monde et par le biais des mots.

Agatha Christie, Dix petits nègres, 1939

«  Une île, ça avait quelque chose de magique ; le mot seul frappait l’imagination. On perdait contact avec son univers quotidien – une île, c’était un monde en soi. Un monde dont on risquait parfois – qui sait ? – de ne jamais revenir.  »

Commentaire : Dans ce roman, 10 personnes se retrouvent sur une île, donc coupés du monde. Alors se crée un autre monde, fait du vécu de ces personnes et de leurs relations.  L’insularité permet la création de modes à la culture bien spécifique.

 Paul Valéry, Regards sur le monde actuel, 1945

«  Toute la terre habitable a été de nos jours reconnue, relevée, partagée entre des nations. (…) Le temps du monde fini commence. »

Commentaire : Au milieu du XXème siècle, le célèbre écrivain prend conscience ici des limites du monde. L’homme est parvenu à connaître et à domestiquer tout l’espace géographique possible. D’où l’idée que notre vision du monde, désormais, est une vision limitée.

George Orwell, 1984, 1948

«  Il y avait la vérité, il y avait le mensonge, et si l’on s’accrochait à la vérité, même contre le monde entier, on n’était pas fou. »

Commentaire : Dans sa dystopie, Orwell dénonce l’idéologie, la pensée unique, qui définit la vérité et l’erreur. La folie serait de ne pas penser comme tous les autres, de ne pas prendre pour vrai ce qu’ils prennent pour vrai.

Ernst Jünger, La Cabane dans la vigne, 1948

«  Quand le monde nous semble vaciller sur ses bases, un regard jeté sur une fleur peut rétablir l’ordre. »

Commentaire : Dans le contexte de l’après-guerre, le monde a perdu un équilibre, et souffre du rideau de fer qui sépare deux espaces géopolitiques, l’Est et l’Ouest. L’ordre peut venir de la conscience de l’équilibre de la nature.

Einstein, L’Évolution des idées en physique, 1948

«  Dans l’effort que nous faisons pour comprendre le monde, nous ressemblons quelque peu à l’homme qui essaie de comprendre le mécanisme d’une montre fermée. »

 

Commentaire : Ce témoignage d’Einstein rappelle une vision mécaniste du monde issue du cartésianisme, toujours en vigueur dan la physique contemporaine. Mais l’astrophysicien semble quelque peu désabusé, puisque c’est un effort de compréhension toujours inachevé.

Albert Camus, L’Homme révolté, 1951

«  Le monde romanesque n’est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l’homme. Car il s’agit bien du même monde. La souffrance est la même, le mensonge et l’amour. Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n’est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu’au bout de leur destin et il n’est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu’à l’extrémité de leur passion. »

 

 

Commentaire : Cette réflexion relie le monde fictif et le monde réel, en montrant que les ressources de l’imagination sont bien empruntées à la réalité. L’homme imagine un monde à partir de celui qui existe. Et pourtant, il a des difficultés à accepter son destin.

Jack Kerouac, Sur la Route, 1957

«  Qu’est-ce qu’on éprouve quand on s’éloigne des gens, et qu’on voit leur silhouette diminuer dans la plaine, jusqu’à n’être plus qu’un point qui finit par se dissoudre ? Le monde est trop grand, il nous engloutit sous sa voûte et adios. »

 

Commentaire : Écrivain de la route, Kerouac nous fait part de la petitesse de l’homme par rapport à l’immensité du monde. C’est pourquoi, il le représente comme une voûte, selon l’image traditionnelle qu’en donne l’astronomie. Cela procure un sentiment d’inexistence, et témoigne de la fragilité de l’homme.

Albert Camus, Discours de Stockholm, 1957

«  Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. »

 

Commentaire : Le philosophe donne un avertissement à la génération de son temps. Chaque génération veut changer les choses pour faire progresser le monde, la société des hommes. Mais la situation semble si fragile, que le sens de la vie n’est pas le changement ou la révolution, mais le maintien de l’ordre qui est en train des s’effondrer.

Bachelard, La Poétique de l’espace. 1958

«  Dans ce monde qui nous paraît parfois immense, inquiétant et hostile, nous avons besoin de nous protéger et de nous isoler. La maison sert à ça. Elle est notre refuge, notre coin du monde. »

 

Commentaire : Ce savant-poète qu’est Bachelard réfléchit sur l’opposition entre plusieurs mondes : l’extérieur qui corresponde à la vie privée de l’individu, et la maison qui est extérieur pais plus intime. Ainsi, l’homme vit en traversant par différents espaces.

Andrée Chedid, L’Enfant multiple, 1989

«  Ainsi tourne le monde : manège, que domine le temps et l’histoire. Pourtant, des rênes fragiles – celles de la liberté – demeurent entre nos mains ; guidant hors des pistes nos provisoires montures vers notre propre destin. »

 

Commentaire : Cette métaphore du manège évoque un univers clos, régi par des lois et qui tourne en rond. Mais l’homme peut sortir de ce déterminisme stérile par l’engagement, manifestant ainsi son existence et sa liberté : il devient le guide de sa vie et l’artisan de son destin.

Nelson Mandela, Discours, Madison Park High School, Boston, 23 Juin 1990

«  L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. »

 

Commentaire : Dans ce discours, cet homme politique milite pour l’essor de l’éducation et en fait l’éloge, car elle seule peut permettre aux nouvelles générations de penser, et par la penser de chercher à agir et à transformer ce qui existe, en luttant contre les injustices, les inégalités, les dysfonctionnements.

Danièle Sallenave, Le Don des morts, 1991

«  Ceux qui n’ont jamais lu de livres, ce sont ceux qui n’ont pas de monde. »

 

Commentaire : Le monde est un espace imaginaire peuplé de nos rêves, de nos pensées , de nos désirs, de nos impressions. La lecture permet d’avoir un monde, de le créer et de l’entretenir. L’auteur déplore l’affaiblissement de la lecture dans l’éducation. L’image nous impose un monde, alors que la lecture le crée en nous

Paulo Coelho, Manuel du guerrier de la lumière, 1997

«  Le guerrier se concentre sur les petits miracles de la vie quotidienne. S’il est capable de voir ce qui est beau, c’est qu’il porte en lui la beauté – puisque le monde est un miroir qui renvoie à chacun l’image de son propre visage. »

 

Commentaire : Cette image du miroir relie l’homme et le monde. Par le regard qu’il jette sur le monde, l’homme exprime ce qu’il porte en lui. Il le voit à travers un prisme qui lui est propre. Le reflet que lui renvoie le monde c’est le résultat des actions qu’il a menées et des transformations qu’il en a fait, c’est le reflet de lui-même.

XXIè siècle

Denis Marquet, Père, 2003

« Et puis il y a le monde. Ma tâche est aussi de te l’enseigner. (…) le monde est un terrain de jeu. Je t’enseignerai les règles de ce jeu, pour que tu y joues. Il s’agira de ne pas t’y perdre. »

 

Commentaire : La métaphore du jeu implique la présence de codes, de lois, de valeurs. Mais enseigner le fonctionnement du monde, c’est distinguer le jeu permis et le jeu interdit. Or la complexité de ces jeux est telle que l’homme non averti peut y perdre sa raison ou sa sagesse.

Sylvain Tesson, Petit traité sur l’immensité du monde, 2008

« L’enfer, ce n’est pas les autres, c’est l’obligation de vivre avec eux. Le mieux consiste donc à construire un donjon solitaire avec le ciment de son rêve suffisamment solide pour que le ressac du monde extérieur s’y fracasse. »

 

Commentaire : Ce philosophe contemporain reprend la célèbre citation de Huis-clos de Jean-Paul Sartre : « L’enfer, c’est les autres. » Cela signifie pour Sartre qu’être soumis à leur présence implique être soumis à leur jugement et ce regard de l’autre est insupportable. Pour Tesson, c’est l’incapacité à vivre dans son monde à soi qui est infernale, et il donne l’image d’une séparation protectrice entre deux mondes, le sien et celui des autres.

Alain Finkielkraut, Nous autres modernes, 2008

« Aucune partie du monde n’est meilleure qu’une autre.(…) L’univers est une tunique sans couture. »

 

Commentaire : Cette métaphore du vêtement exprime l’uniformité du monde, derrière la diversité des lieux et des paysages qui le composent. Il n’y a pas de raison de préférer un lieu à un autre ni d’émettre un jugement de valeur. Une certaine uniformisation des comportements humains ou des sociétés s’est constituée et a construit la modernité.

 Jesse Kellerman, Les visages, 2011

« On peut être entouré de monde et pourtant seul. La solitude est l’état intrinsèque de l’homme. Créé seul, il meurt seul ; et ce qui se passe entre les deux est tout au mieux un palliatif. »

 

Commentaire : Le monde désigne ici la foule. Malgré la foule, l’homme peut se sentir seul. Ce paradoxe montre la difficulté de communication que peuvent ressentir les êtres humains. L’auteur donne une vision réductrice de la vie humaine, qui se déroule entre 2 moments de solitude, et fait de celle-ci l’essence de la condition humaine.

J. K. Rowling, Une place à prendre, 2012

« Le monde est une vaste scène exclusivement destinée a servir de cadre à notre propre petit théâtre. »

 

Commentaire : Cette citation reprend la métaphore du théâtre, déjà présente chez Héralite et Shakespeare. La permanence de cette image, d’un bout à l’autre de l’histoire, témoigne de l’importance de l’apparence et du jeu dans la vie sociale. Chaque participant montre aux autres ce qu’il est à partir du rôle qu’il joue