Recueil de citations
ÉPOQUE MODERNE (XVIe-XVIIIe) : LA VIOLENCE

Accueil > La Violence

Afin de compléter les annales que vous pouvez consulter à tout moment depuis la rubrique SE PREPARER, nous vous proposons un recueil de citations qui complétera vos cours pour l’épreuve de culture générale sur le thème du monde.

Ce recueil de citations ne présume en rien des sujets du concours 2024 à venir.

Nicolas Machiavel, Le Prince, 1532.

                  « Je pense, au surplus, qu’il vaut mieux être impétueux que circonspect, car la fortune est femme : pour la tenir soumise, il faut la traiter avec rudesse ; elle cède plutôt aux hommes qui usent de violence, qu’à ceux qui agissent froidement. »

 

Commentaire : Nicolas Machiavel (1469-1527) est un humaniste florentin, un des premiers penseurs politiques modernes. Dans cet extrait, il défend l’idée que la cruauté, la violence sont nécessaires à l’exercice du pouvoir politique. Dans ce chapitre, il est question de la fortune. La fortune, chez Machiavel, n’est ni un destin implacable, ni une providence, ni un déterminisme, mais l’imprévisibilité des événements, qui échappent à la volonté humaine. Mais cela implique une attitude active et non passive de l’homme. La violence est ici une vertu car elle exprime le désir de lutter contre cette imprévisibilité, de la contrecarrer et non de la subir paresseusement, en démissionnant de notre fonction.

Nicolas Machiavel, Le Prince, 1532.

       « Un acte de justice et de douceur a souvent plus de pouvoir sur le coeur des hommes que la violence et la barbarie. »

 

Commentaire : L’intention de Nicolas Machiavel (1469-1527) dans cet ouvrage est de donner des conseils pour prendre le pouvoir et s’y maintenir. Les sentiments que les sujets peuvent avoir pour leur chef politique sont à prendre en compte. Ainsi, il convient d’entretenir cet amour pour garder l’estime de ses sujets. Ainsi, si la violence est utile contre l’adversité, elle doit parfois laisser la place à des vertus de justice et de douceur.

Pierre Corneille, Héraclius, 1647.

                  « La violence est juste où la douceur est vaine. »

 

Commentaire : Pierre Corneille (1606-1684) est un célèbre dramaturge français, auteur de chefs-d’oeuvre tels que la tragi-comédie Le Cid (1636), les tragédies Cinna (1641), Polyeucte (1642). Cet alexandrin appartient à la tragédie Héraclius, qui renverse le tyran Phocas en 610. La citation rappelle la légitimité de l’usage de la force quand l’adversaire ne réagit pas à la menace ou à la bienveillance. Le présent de vérité générale en fait une maxime qui peut définir l’action politique répressive.

Thomas Hobbes, Léviathan, 1651.

                  « La violence et la ruse sont en temps de guerre les deux vertus cardinales. »

 

Commentaire : Thomas Hobbes (1588-1679) décrit l’Etat, le système social, dans cet ouvrage qui utilise la métaphore biblique du monstre Léviathan. Cette affirmation représente un paradoxe, si l’on considère que la violence est une forme d’injustice par rapport à la loi civile. Or ce n’est pas le cas ici, car elle s’inscrit dans un autre contexte, celui de l’état de nature. L’homme y est soumis à ses seules passions naturelles, qui le portent à la vengeance, à l’orgueil, il est « un loup » pour l’homme. La violence est donc une volonté naturelle à l’homme de se faire la guerre.

François de La Rochefoucauld, Maximes, 1665.

                  « La violence qu’on se fait pour demeurer fidèle à ce qu’on aime ne vaut guère mieux qu’une infidélité. »

 

Commentaire : François de La Rochefoucauld (1633-1680) décrit de façon lapidaire dans cet ouvrage les moeurs de son temps. La violence correspond ici au contrôle de la raison et du devoir, puisque l’on reste fidèle par
obéissance à un devoir. La Rochefoucault dénonce cette soumission en montrant ce qu’elle a d’artificiel. Cela interroge la notion de valeur : est-il plus légitime de rester fidèle en se faisant violence ou de trahir cette fidélité en obéissant à sa propre nature ? En préférant cette seconde voie, l’auteur rejette la violence en tant que contrainte, soumission à une autorité extérieure.

Jean de La Fontaine, Fables, « Le Loup et l’agneau », 1668

                  « La raison du plus fort est toujours la meilleure. »

 

Commentaire : La Fontaine (1621-1695) est un fin observateur des moeurs humaines, qu’il dépeint de manière allégorique dans les Fables. La morale de cette célèbre fable montre l’absurdité de la violence. Le loup accuse l’agneau de souiller son breuvage, mais l’agneau sollicite la raison du loup ; puisqu’il buvait vingt pas au-dessous du loup , il ne pouvait souiller son eau. Mais le loup étant violent, est aveuglé. Le plus fort ne se sert pas de sa raison. Il a recours à la vengeance, mange un agneau, qui fait figure de victime, de bouc émissaire.

Blaise Pascal, Les Pensées, 1673.

                  « La force sans la justice est tyrannique. »

 

Commentaire : Mathématicien, janséniste, Blaise Pascal (1623-1662) fait figure de moraliste dans les Pensées. Cette oeuvre fragmentaire aborde des sujets divers, et en particulier la place de l’homme dans la société et par rapport à Dieu. Le thème de la justice est au coeur de cette réflexion morale. Selon cette citation, la justice ne peut s’imposer comme force, donc si elle n’est pas respectée, la force aveugle fonde la justice. Mais cette force aveugle, illégitime, est une violence, qui peut déformer la justice. Pascal dénonce donc ici cette force illégitime, donc la violence, capable d’imposer une fausse justice.

Fénelon, Lettre au vidame d’Amiens, 1708.

                  « Il faut mettre du courage dans toutes entreprises : Moins on se fait de violence, et moins on est capable de s’en faire ; et au contraire plus on se fait de violence, et plus on s ‘accoutume à prendre sur soi. »

 

Commentaire : Fénelon (1651-1715) a beaucoup écrit sur la pédagogie et cette idée de se faire violence désigne une exigence par rapport à soi-même qui a des vertus pédagogiques. La maîtrise de soi implique un effort par rapport aux passions de l’âme, une violence au sens où cela ne va pas de soi.

Voltaire, Candide ou l’optimisme, 1759.

                  « Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie héroïque. »

 

Commentaire : Voltaire (1694-1778) raconte dans ce conte philosophique les aventures du jeune Candide et dans cet extrait, il fait ici la satire de la violence guerrière. Le héros éponyme du conte philosophique assiste à une bataille en tant que spectateur. Son attitude incarne le rejet de la violence meurtrière de la guerre, qualifiée par un oxymore, de « boucherie héroïque ». Cette violence de la guerre est incompréhensible pour la raison humaine et un esprit philosophique.

Jean-Jacques Rousseau, Le Contrat social, 1762.

                  « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir. »

 

Commentaire : Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) aborde la question des régimes politiques dans cet ouvrage. Dans cet extrait, il dénonce le prétendu droit du plus fort. Il oppose ce qui relève de la force physique et ce
qui relève de la morale. Il n’y a pas de point de convergence entre ces domaines. En effet, le droit du pu fort n’est pas fondé, il est simplement soumis au degré de force atteint.

Emmanuel Kant, Idée d’une histoire universelle du point de vue cosmopolitique, 1784

                  « L’homme veut la concorde, mais la nature sait mieux que lui ce qui est bon pour son espèce : elle veut la discorde. »

 

Commentaire : Emmanuel Kant (1724-1804) aborde la question du sens de l’histoire, dans cet opuscule. Il représente ici un paradoxe entre d’une part cette tendance de l’homme de s’associer à autrui et d’entrer en société, et d’autre part, la tendance à s’en isoler, pour tout diriger selon son point de vue, ce qui entraîne la résistance, la lutte, la violence. Le philosophe utilise un oxymore pour le signifier, en parlant de l’ « insociable sociabilité » de l’homme.

Carl von Clausewitz, De la guerre, 1793.

                  « La guerre est un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté. »

 

Commentaire : Carl von Clausewitz (1780-1831) est un général prussien, célèbre pour son traité sur la guerre moderne. Il définit l’anéantissement de l’adversaire comme étant le but de la guerre. Or cet anéantissement n’est pas seulement physique, c’est une contrainte politique. La guerre est avant tout un pouvoir pris sur l’adversaire pour le soumettre à la stratégie et à l’organisation politique et sociale que l’on veut.

Marquis de Sade, La philosophie dans le boudoir, 1795.

La cruauté est le premier sentiment qu’imprime en nous la nature.

Commentaire : Carl von Clausewitz (1780-1831) est un général prussien, célèbre pour son traité sur la guerre moderne. Il définit l’anéantissement de l’adversaire comme étant le but de la guerre. Or cet anéantissement n’est pas seulement physique, c’est une contrainte politique. La guerre est avant tout un pouvoir pris sur l’adversaire pour le soumettre à la stratégie et à l’organisation politique et sociale que l’on veut.